Nell Rebekah Johnson -- FINI

Enervée, je poussais un soupir d'agacement avant de jeter un coup d'oeil à la jeune fille blonde qui se trouvait à mes côtés et dont le sourire sonnait faux, ce qui me donnait simplement envie de lui en mettre une. Comment avait-elle oser aller le voir, lui, pour qui j'avait des sentiments depuis des semaines pour lui en parler ? C'était une chose indigne de la part de celle qui se disait ma meilleure amie et qui disait qu'elle ferait jamais rien pour me mettre dans l'embarras. Là, elle venait de taper en plein dans le mille et l'effet ne pouvait pas être pire. Je tremblais comme une feuille à la seule idée qu'il puisse venir me voir pour me faire comprendre qu'il en avait rien à faire d'une fille comme moi, d'une gamine. Il fallait dire que j'avais près de deux ans de moins que lui et que je n'avais aucune expérience de ce qu'était une relation amoureuse bien que j'avais déjà eu quelques flirts, mais rien de vraiment important. Mais après tout je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, je savais qu'en lui faisait part de ce que je pouvais ressentir pour lui il y avait des chances pour qu'elle aille le voir, son culot était plus que légendaire dans notre quartier de Manchester. Je l'avais toujours un peu enviée pour ce côté de son caractère.

Cette semaine j'était chez mon père et j'entendais déjà les cris des deux démons de petits frères que ma belle-mère avait mis au monde il y avait maintenant quatre ans, deux petits garçons pleins d'énergie. J'aimais cette frénésie qui se ressentait ici et bien qu'elle était aussi présente chez ma mère, c'était différent à mes yeux. Peut-être car je me sentais beaucoup plus proche de mes frères que de mes soeurs, même si je les aimais plus que tout. Je lâchais mon sac sur mon lit avant de me poser sur ma chaise de bureau, mes yeux fixant mon écran d'ordinateur tout en essayant de prendre mon courage à deux mains. Une fois décidée, j'ouvrais ma messagerie instantanée et eu un petit sourire en voyant son pseudonyme, il était connecté. Je devais laisser faire ma chance maintenant.

La douleur était plus qu'insupportable et depuis deux jours les larmes coulaient sur mes joues sans que je puisse faire quoi que ce soit pour que cela s'arrête, je n'arrivais même pas à me rendre dans la cuisine pour manger une morceau. SMS. C'est trois lettres me semblaient bien plus que dérisoire et pourtant elle venait de m'arracher ma plus grande fierté ainsi que réussite, mon fils qui venait juste de naître ne connaissait pas encore le monde. Cinq semaines de vie, voilà ce que Dieu lui avait accorder avant de le rappeler à lui pendant la nuit de mercredi à jeudi. Tout le monde était autour de nous, même mon père qui avait eu du mal à accepter que je devienne mère aussi jeune avant de voir pour la première fois la frimousse de son premier petit-fils.Tout le monde essayait de cacher sa douleur, mais moi j'en était incapable, c'était bien trop dur et je ne me sentais pas de paraître fière pour faire croire que je surmontais l'épreuve. Non, je n'était pas une bonne comédienne.

Je le retournais dans mon lit en serrant contre moi la dernière brassière que je lui avais mise, celle que je lui avais oter avant de prendre son bain et de l'habiller pour la nuit, la dernière fois que j'avais pu voir ses yeux verts plein de vie. Je la portais très souvent à mon nez pour respirer cette odeur si particulièrement qui appartiens à tout les bébés, mais qui est unique à chacun. Cela fait redoubler le nombre de mes larmes, mais je suis incapable de penser à autre chose et quand je sens sa main sur ma hanche je ne peux m'empêcher de la serrer de toute mes forces.

Je l'ai cru sur le moment, il ne m'avait jamais menti. Cela c'était sans côté sur moi et ma peine, sur le fait que je ne pourrais plus supporter de le voir quand ses traits se mélangaient à ceux de notre enfant disparu. Non, je n'était pas assez forte et la seule solution pour que je remonte véritablement la pente avait été de le quitter en posant les papiers du divorce sur la table de la cuisine avant de m'enfuir sans bruit. Je l'aimais, plus que ma vie elle-même, mais je préférais lui rendre sa liberté plutôt que le voir souffrir par ma faute.